Une nouvelle génération de fistules pour la dialyse
- Jean Sébastien SOUWEINE
- 14 mai
- 2 min de lecture

Depuis la création de la fistule dite "Brescia-Cimino" en 1966, la fistule artérioveineuse (FAV) native est restée le standard de référence pour les patients atteints d’insuffisance rénale terminale nécessitant une hémodialyse. Cette technique, qui consiste à connecter chirurgicalement une veine à une artère, permet d’obtenir un flux sanguin suffisant pour filtrer le sang via le rein artificiel. Mais si ce principe reste solide, de nouvelles technologies transforment aujourd’hui la manière dont ces fistules sont créées.
Pourquoi repenser la fistule classique ?
La fistule conventionnelle, bien que fiable, nécessite une intervention chirurgicale. Cette opération expose à plusieurs risques : cicatrices, douleurs, complications comme la non-maturation (la veine ne se développe pas correctement) ou la sténose (rétrécissement de la veine). Or, une fistule défaillante met en péril la qualité de la dialyse — voire la survie du patient.
Une innovation : la fistule percutanée
Aujourd’hui, il est possible de créer une fistule sans ouvrir la peau, grâce à une technique dite percutanée. Deux dispositifs principaux existent :
Le système Ellipsys® (anciennement développé par Avenu Medical, repris par Medtronic) utilise une fusion thermique pour relier la veine et l’artère.
Le système WavelinQ® (de BD/Bard) repose sur l’énergie par radiofréquence pour établir la connexion.
Ces techniques sont réalisées via de fines sondes introduites dans les vaisseaux sanguins, sous guidage échographique ou radiologique.
Les avantages de la fistule percutanée
Pas de cicatrice visible : un atout esthétique, même si secondaire.
Moins de traumatisme pour la veine, car on évite de la mobiliser chirurgicalement.
Un geste rapide, souvent ambulatoire, sans hospitalisation prolongée.
Un bon taux de succès à un an, avec peu de complications comme les sténoses ou les débits excessifs.
Les limites à connaître
Ces techniques ne peuvent être réalisées que dans une zone anatomique précise, au pli du coude (fistule huméro-céphalique). On ne peut donc pas créer de fistule au niveau du poignet, ce qui serait préférable chez les plus jeunes.
Le coût des dispositifs est élevé et n’est pas encore pris en charge en routine par l’Assurance Maladie en France.
Une anatomie favorable des vaisseaux est indispensable pour garantir le succès.
Une technique d’avenir… mais encore en évaluation
À la Clinique du Parc, notre équipe de chirurgie vasculaire, dirigée par le Dr PECHER, a été parmi les premières en France à adopter cette technique. Grâce à une collaboration étroite entre chirurgiens, angiologues, néphrologues et infirmières de dialyse, nous avons pu proposer cette alternative innovante à des patients sélectionnés. Notre objectif est de proposer une prise en charge individualisée et moins invasive, tout en maintenant une qualité de dialyse optimale.
Mais cette approche reste une technique complémentaire, encore en cours d’évaluation. Elle ne remplace pas les fistules classiques, mais peut offrir une solution précieuse dans certaines situations où la chirurgie est difficile ou impossible.
Pour en savoir plus, voici deux vidéos explicatives :
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