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Lithiases urinaires : Emission de radio sur RCF le vendredi 04 mars 2022

Une personne sur 10 aura des calculs au moins une fois dans sa vie, les

hommes étant deux fois plus touchés que les femmes car ils mangent plus et

moins bien.


Si des facteurs génétiques peuvent favoriser leur apparition, le mode de vie et les déséquilibres alimentaires sont en effet le plus souvent en cause. La présence de calculs est plus fréquente chez les patients obèses, diabétiques ou atteints de syndrome métabolique. Le traitement et la prévention s'appuient donc sur un traitement médical ou chirurgical et sur des mesures diététiques.


Emission du 04 Mars 2022 à écouter su RCF : https://rcf.fr/actualite/santerama


Retour sur les messages clés de l’émission de RCF Maguelone Hérault avec le Dr MARCHAL urologue, le Dr JUGANT Sébastien et Bruno un patient expert, dans le cadre du parcours des patients avec une maladie lithiasique suivi à la Clinique du Parc :


1) Le calcul urinaire c’est quoi ?

Du grec « lithos » ou du latin « calculi », la lithiase urinaire ou le calcul urinaire sont des petites pierres qui se forment dans les urines dès leur production dans le rein. Elles sont formées de couches successives qui vont se superposer avec le temps et pouvant mesurer quelques millimètres à plusieurs centimètres.


2) C’est fréquent ?

Oui, cela touche un français sur 10 environ, avec en moyenne 2 hommes pour une femme. On dénombre plus de 70 molécules pouvant intervenir dans la fabrication du calcul, mais en France on retrouve principalement des calculs d’oxalate de calcium (70%), de phosphate de calcium (15%), d’acide urique (10%), phopho-amoniaco magnésien (2%) et bien d’autres évidemment.


3) Qui peut être touché ?

Malheureusement tout le monde. Cela existe depuis des siècles, de Ramsès II à Georges Brassens en passant par Napoléon elle est connue depuis des centaines d’années et demeure rythmée par nos mode de vie la plupart du temps.


4) Qu’elles en sont les causes ?

Les causes sont multiples : elles sont en général favorisées par notre hygiène de vie (boisson, alimentation, exercice physique, surpoids…) mais révèle parfois une maladie sous jacente (hyperparathyroïdie, sarcoïdose, hyperoxalurie, cystinurie, polykystose et beaucoup d’autres). Il peut exister des prédisposions à faire des calculs (génétiques ou acquises : environnementales par exemple à rechercher)


5) Comment cela se manifeste t il ?

Même si cela peut demeurer asymptomatique pendant plusieurs années, malheureusement cela se révèle souvent par une COLIQUE NEPHRETIQUE.

Elle correspond à une mise en tension de la capsule du rein par l’obstruction des voies urinaires (schéma lithiase obstructive).

C’est à dire par une douleur vive pouvant devenir intolérable allant du milieu du dos jusqu’aux organes génitaux dans la plupart des cas. Il n’y a parfois pas de position antalgique. Les patients qui l’ont déjà ressentie parviennent souvent très rapidement à l’identifier mais lors du premier épisode cela reste parfois un peu plus difficile. Certaines femmes assimilent même parfois cette intensité douloureuse à celle ressentie lors de l’accouchement !

Parfois des vomissements, une hématurie (sang dans les urines) ou même l’expulsion du calcul peuvent être associés chez le patient à la symptomatologie douloureuse.


6) Que dois je faire ?

Consulter votre médecin Généraliste ou aller aux urgences si cela n’est pas possible. Il arrive que la douleur devienne rapidement difficile à calmer par les antalgiques classiques, nécessitant des antalgiques de pallier élevé (morphiniques). Il faut par ailleurs éliminer les formes considérées comme graves (fièvre associée, douleur insupportable, …) ou sur un terrain fragile (femme enceinte, patient immunodéprimé…)


7) Que se passe t il aux Urgences ?

Les Urgentistes vont éliminer une forme grave, confirmer le diagnostic cliniquement, puis souvent biologiquement et radiologiquement suivant le contexte. Ils vont calmer la douleur par des médicaments parfois par voie intra musculaire voire intraveineuse (antalgiques, anti inflammatoires, anti spasmodiques, alpha bloquants…)

Heureusement dans 80% des cas l’expulsion est spontanée et les traitements médicamenteux suffisent permettant au patient de rentrer chez lui.

Dans les 20% des cas restant la prise en charge chirurgicale est nécessaire.


8) Que se passe-t-il en Radiologie?

Les examens réalisés par le Radiologue (radio, échographie, scanner selon les cas) vont permettre de confirmer le diagnostic, localiser le ou les calculs, rechercher des malformations urinaires associées, orienter vers un type de calcul particulier et dépister d’éventuelles complications.

A parti de 5-6mm sont passage devient complexe le long des voies urinaires.

Cela permettra pars la suite de guider un éventuel geste chirurgical mais aussi de surveiller une éventuelle récidive à distance.


9) Quel est le rôle de l’Urologue ?

L’Urologue est un chirurgien spécialisé dans les pathologies des reins et des voies urinaires. Il a un rôle prépondérant dans LA PHASE AIGUE. En l’absence d’expulsion spontanée du calcul, il va devoir libérer les voies urinaires et rétablir le passage des urines jusqu’à la vessie.

Les principales possibilités selon l’expertise de l’urologue puis suivant la localisation, la taille, le type de calcul, et le contexte clinique :

- La lithotripsie (séances de 30 à 45minutes d’ondes de choc qui vont permettre de casser le calcul en de nombreux petits fragments qui parviendront plus facilement à être expulsés spontanément.

- L’urétéroscopie (caméra miniature qui va permettre par les voies naturelles le remonter jusqu’au calcul pour l’extraire ou le fragmenter (Laser) nécessitant parfois la mise en place temporaire d’une sonde JJ afin de contourner l’obstacle et dériver les urines)

- La néphrolithomie percutanée (chirurgie par voie externe)


10) Quel est le rôle du Néphrologue ?

Le Néphrologie est la spécialité médicale qui s’intéresse au fonctionnement des reins et aux maladies qui les touchent. Le Néphrologue a un rôle prépondérant dans la PHASE CHRONIQUE de la lithiase. En général les patients sont orientés vers lui par leur médecin Généraliste ou leur urologue dans certaines situations : lithiases récidivantes, formes compliquées, sujets jeunes, suspicion de maladie associée…


Il va ainsi voir le patient à distance de la colique néphrétique pour :

- IDENTIFIER le type de calcul (oxalate, calcium, phosphate, acide urique…) et son mécanisme de formation (lithogénèse calcium dépendante…)

- RECHERCHER LA CAUSE du calcul : boissons insuffisantes, déséquilibre alimentaire, hygiène de vie, maladie sous jacente à l’interrogatoire, l’examen clinique mais aussi par l’interprétation des bilans biologiques et radiologiques

- TRAITER quand cela est possible la maladie sous jacente et surtout PREVENIR de la récidive.

- SURVEILLER la diminution de cette lithogénèse dans les mois ou années qui suivront (baisse de fabrication des calculs) par des bilans biologiques et radiologiques associés si nécessaire


11) Récupérer son calcul est-ce utile ?

C’est l’étape PRIMORDIALE du diagnostic ! Cela permettra non seulement d’orienter vers la cause du calcul mais aussi de guider le traitement. Il peut être récupéré par l’urologue au cours d’un geste chirurgical ou par le patient lui même à domicile (de nombreuses techniques plus ou moins fructueuses ont été essayées : filtre à café, bocal…). Le rôle du médecin Biologiste est essentiel, il va par son expertise aider à l’identification du calcul au microscope (spectrophotométrie SPIR) et des cristaux directement dans les urines (cristallurie). Le lien est étroit tout au long du suivi à travers les nombreux bilans biologiques et urinaires réalisés tout au long du suivi du patient.


12) Que puis je faire pour que cela ne revienne pas ?

La première étape est de traiter la maladie sous jacente avec votre Néphrologue si elle existe. Mais dans tous les cas une adaptation du mode de vie s’impose. Cela peut être discuté avec votre Néphrologue ou une diététicienne spécialisée.


- L’EAU : Cela demeure l’étape essentielle du traitement même si cela paraît parfois anodin. Toutes les eaux peuvent être conseillées dans l’immense majorité des cas (eaux de ville, eau de source, eau minérale) en dehors de certaines eaux spécifiques qui doivent être réservées à des indications particulières (alcalinisantes : St Yorre, Vichy… ou riches en calcium : Vittel, Contrex…). Ce qui compte c’est le VOLUME de DIURESE, c’est à dire le volume d’urines sur 24h. Les recommandations ciblent un VOLUME DE DIURÈSE de PLUS de 2L d’urines par 24h car à partir de ce seuil les urines sont tellement diluées que la lithogénèse devient fortement freinée. Il faut bien sûr le repartir tout au long de la journée.


- LE SEL : Les apports quotidiens en sel sont liés à la croissance de la plupart des calculs. Les recommandations ciblent des apports en sel de moins de 6g/24H. Il faut remplacer le sel ajouté (une grosse pincée = 1g) par d’autres condiments (poivre, épices, aromates…) et surtout limiter au maximum les aliments naturellement très salés (pain, charcuterie, fromage, plats industriels, sauce soja, biscuit apéritif, fast food…). La période d’adaptation est parfois longue mais se simplifie souvent avec le temps et aide à lutter par ailleurs contre l’hypertension et le risque cardio-vasculaire.


- LES PROTEINES : Elles sont la « matière première » du calcul. Il faut éviter les régimes hyperprotéinés et essayer de diminuer sa ration protéique quotidienne (1mg/kg par jour c’est à dire 60g par jour pour un patient de 60kg). Idéalement il faut limiter la viande rouge à 2 ou 3 fois par semaine et remplacer les protéines animales par des protéines végétales autant que possible.


ATTENTION : ces règles sont indicatives et générales, elles sont valables quel que soit le type de calcul. Par contre, selon le type de calcul précis retrouvé chez le patient d’autres précisions ou adaptions pourront être utiles pour lutter contre la récidive. Les règles alimentaires pour l’oxalate, le calcium, le citrate sont souvent à affiner avec votre spécialiste.


13) Devrais je prendre des médicaments ?

Dans la majeure partie des cas : l’adaptation du mode de vie (boisson/alimentation) va suffire s’il perdure dans le temps. Parfois un « traitement spécifique ou médicament » peut être nécessaire, en cas de cause curable ou en si les règles hygiéno diététiques ne suffisent pas (citrate de potassium, eaux riches en Calcium, hypo-uricémiant, antibiotiques…). Dans certaines maladies spécifiques une chirurgie peut même se proposer (chirurgie des voies urinaires en Urologie, parathyroidectomie en chirurgie ORL)


14) Ce que je trouve sur internet à ce sujet est-il utile ?

Oui et Non. Il existe de nombreux sites internet fiables (réalisés par les collèges scientifiques ou des associations) par contre il faut se méfier de certaines informations ou médicaments miracles proposés par des particuliers qui promettent une guérison en 48h car malheureusement cela serait déjà connu de tous… N’hésitez pas dans tous les cas à en discuter avec votre spécialiste.


L’Association Française d’Urologie (AFU) et la Société Francophone de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SFNDT) ont des sites internet avec de nombreuses informations fiables par exemple.


15) Suis je seul pour affronter ces épreuves?

Bien sûr que non. L’ensemble du Parcours de Soin Lithiase Rénale est justement mis en place pour vous accompagner tout au long ces moments complexes à gérer.

Il existe la filière ORKID (filière des maladies rénales rares) et ses nombreux centres de références partout en France pour les cas complexes.


Il existe des associations qui peuvent par ailleurs vous aider dans ce domaine :

- France REIN (association de patient très active en néphrologie depuis 50 ans),

- Lithiase UriNaire NEtwork (LUNNE, association dans la maladie lithiasique rénale),

et bien d’autres sans oublier les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…).


Et des livres :

- « Lithiase urinaire » des Dr Michel DAUDON, Olivier TRAXER et Paul JUNGERS (bibles des spécialistes)



16) Quel sont les progrès en cours ?

Ils sont actuellement nombreux ! Tout en sachant que la prise en charge de la lithiase s’est déjà révolutionnée lors des 50 dernières années !

En premier lieu, c’est le parcours de soin qui devrait permettre comme dans beaucoup d’autre maladie d’accompagner le patient plus efficacement au cours de sa maladie, de manière multidisciplinaire, plus personnalisée et plus globale pour commencer.

Nous avons la chance en France d’avoir des acteurs très actifs depuis de nombreuses années dans ce domaine avec des centres d’excellence dans ce champ de compétence.

Par ailleurs de nombreuses avancées technologiques continuent de progresser chaque jour : miniaturisation des techniques chirurgicales, intelligence artificielle dans la reconnaissance des calculs, médicaments novateurs comme les ARN interférents….

En espérant que cela ne soit que le début pour tous les patients lithiasiques !








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